Año 2. Número 2. Julio - Diciembre 2012

Les collections historiques vétérinaires
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Les collections historiques vétérinaires: un enjeu pour l’avenir ?

Historical veterinary collections: a challenge for the future?

 

Christophe Degueurce,

Université Paris Est, Ecole nationale vétérinaire d’Alfort

Professeur, Conservateur du Musée Honoré Fragonard

Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires

 

7 avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort cedex

Tel 00 33 1 43 96 70 52 –

Email musee@vet-alfort.fr

http://musee.vet-alfort.fr/

 

Résumé: La plupart des facultés vétérinaires possèdent des collections, parfois même des musées ouverts au public. Cette contribution est une réflexion libre de Christophe Degueurce, conservateur du musée Fragonard de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (France), sur le statut de ces collections et musées, sur leur intérêt en termes identitaires, biologiques et culturels. In fine, le constat est qu’il appartient aux institutions qui les gèrent de définir leur utilité, ce qui induit les missions à leur attribuer et les moyens qui leur sont nécessaires. Sont-elles une aide à l’enseignement, auquel cas leur gestion peut être prise en charge par l’université dans le cadre de ses programmes pédagogiques? Ont-elles un caractère de soutien identitaire à l’institution, et alors elles peuvent être ouvertes à un public restreint, choisi, qui reçoit ainsi le privilège de pénétrer dans un sanctuaire? Sont-elles des centres de ressources biologiques porteuses d’enjeux stratégiques pour la recherche du futur, auquel cas elles peuvent demeurer confinées à distance du public? Sont-elles le vecteur d’une histoire sociale que les animaux et leur médecine révèlent, et la collection se met au service du grand public et participe à un musée qui a une vocation bien plus large que le cadre restreint de la faculté vétérinaire? C’est ce dernier axe qui a été développé au musée Fragonard car il était le seul à permettre à terme les levées de fonds nécessaires à sa rénovation et à son fonctionnement, car une grande collection doit vivre, collecter des objets, les documenter, les restaurer et les stocker, et cela implique des moyens qui bien souvent font défaut dans le cadre restreint des facultés vétérinaires.

 

Abstract: Most veterinary faculties own collections, sometimes even museums opened to the public. The status of these collections and museums differs according to their identity, biological and cultural interests. Ultimately, the fact is that it is the institutions that have manage to define their usefulness, which induces their assigned missions and the resources they need. Some provide educational assistance and their management can be supported by the university as part of its educational programs. They can support the identity of the institution, and then they can be opened to a limited audience, selected people receiving the privilege of entering a sanctuary. Many are biological resources carrying strategic issues for the future research; in this case they may remain confined and be useless to the public. But they can be also reveal a social history, and these collections are then at the service of the public and contribute to a museum which has a much larger role than the limited scope of the veterinary faculty. This last axis was the one developed by the Fragonard museum, because it was the only term to allow the raising of funds for its renovation and its opening to the public. Furthermore a large collection must live, collect objects, document them, restore and store them, which implies amounts of money that are lacking in the limited context of veterinary faculties.

 

Resumen: La mayoría de escuelas veterinarias tienen colecciones, a veces incluso los museos abiertos al público. Esta contribución es un reflejo de Christopher Degueurce libre, Fragonard conservador del museo de la Escuela Nacional de Veterinaria de Alfort (Francia), sobre la situación de estas colecciones y museos de interés en términos de identidad, biológica y cultural. En última instancia, el hecho es que son las instituciones que logran definir su utilidad, lo que induce a las misiones asignadas y los recursos que necesitan. Son asistencia a la educación, en el que se puede manejo de casos con el apoyo de la universidad como parte de sus programas educativos? ¿Tienen una identidad personaje de apoyo para la institución, y luego se puede abrir para un público limitado, seleccionado, recibe el privilegio de entrar en un santuario? ¿Son los centros de recursos biológicos que llevan los asuntos estratégicos para la investigación futura, en cuyo caso podrán permanecer confinada a distanciar al público? Son vector de una historia social que los anima-les y los espectáculos de la medicina, y la recogida se pone al servicio de los ciudadanos y contribuye a un museo que tiene un papel mucho más grande que el limitado alcance de la facultad de veterinaria? Este último eje se desarrolló museo Fragonard, porque era el único término para permitir la recaudación de fondos para la renovación y la opera-ción como una gran colección debe vivir, recoger objetos, la documen-tación de la restaurar y almacenar, y esto implica que a menudo que carecen en el contexto limitado de las facultades de veterinaria.

Palabras clave: Contribución libre, museo, veterinaria

 

Toute production humaine, quelle soit matérielle ou intellectuelle, crée des artefacts – archives, objets - sur le sort desquels il faut un jour statuer dès lors qu’ils apparaissent obsolètes ou d’un intérêt limité au regard des enjeux auxquels les institutions sont confrontées. Cette question est particulièrement présente dans les institutions scientifiques et pédagogiques, résolument tournées vers l’avenir, désireuses de remplir des missions de progrès, d’améliorer le sort des générations futures ; bien souvent les objets qu’elles laissent derrière elles, lorsqu’ils sont touchées par l’obsolescence, n’ont qu’une valeur limitée à leurs yeux. Le monde vétérinaire n’échappe à cette règle même si, à l’instar des domaines médicaux, d’assez nombreuses collections substituent à l’échelle de la planète.

Cette contribution est une libre expression de mes sentiments sur l’avenir des collections vétérinaires et des enjeux qui y sont liées. Elle se fonde sur une expérience de vingt années à la tête du musée Fragonard, un musée établi lors de la création de l’ Ecole vétérinaire de Paris, en 1766, qui a connu des déménagements et de grands remaniements mais recèle aujourd’hui quelques 7.000 objets, dont 4.200 sont présentés au public, le musée étant ouvert au public quatre jours par semaine. J’en ai repris la charge en 1993.

 

Les collections, des ensembles divers aux missions variées

 

Plusieurs catégories de collections se dégagent, selon l’origine et la volonté associée à leur création ou leur maintien. Beaucoup d’institutions d’enseignement et de recherche vétérinaires ont constitué des collections de souvenirs et d’archives qui servent la mémoire collective et apportent une dimension identitaire à l’établissement. En Sciences comme en Art, les chercheurs s’appuient sur le passé pour faire “autre chose” que leurs prédécesseurs. Comme le peintre cultive sa connaissance de ses collègues disparus pour mieux se démarquer d’eux, le scientifique innove en s’appuyant sur les découvertes faites par ses pairs. Cette première similitude entre Art et Science n’est qu’un aspect de la grande proximité de deux mondes qui cherchent à demeurer éloignés l’un de l’autre mais qui, en y regardant bien, entretiennent des liens très étroits dans le reflet qu’ils donnent d’un même génie humain.

 

Nombreuses sont les collections qui ont un fort relent hagiographique, encensant un personnage dont la communauté est fière et qu’elle souhaite voir ériger en figure tutélaire de l’établissement et, partant de là, des membres de cette structure, comme animés par la même tradition, la continuité des méthodes et des tempéraments. En France, l’image tutélaire de Claude Bourgelat, le fondateur de la première école vétérinaire au monde - pour reprendre l’expression consacrée, et très probablement inexacte - réunit les vétérinaires de mon pays, son aura écrasant les oeuvres des autres écuyers et hippiatres dont les noms sont le plus souvent inconnus des confrères. Ainsi les souvenirs liés au grand homme écrasent des myriades d’éléments que l’historien doit faire émerger. Le danger d’une telle prépondérance est bien évidemment l’extinction des faits autres, considérés comme annexes, et la réécriture d’une histoire simpliste mettant en place un mythe.

 

Mais ces grands hommes, surtout lorsqu’il s’agit de scientifiques ayant modifié les perspectives des savoirs, ont souvent laissé des collections historiques qui nous permettent de comprendre leur démarche, si on veut bien se donner la peine de mettre les pieds dans leurs pas, d’apprécier leurs recherches en se replaçant dans le contexte historique qui les a vu naître et se développer. Au musée Fragonard, par exemple, Alcide Railliet et son successeur Henry ont amassé une gigantesque collection de parasites - plus de 1.200 espèces, oeuvre d’une vie et matériel d’une extrême richesse scientifique, un point que nous réaborderons plus tard. Autre exemple dans le domaine de l’anatomie pathologique de l’homme, le musée d’histoire de la médecine de La Charité à Berlin conserve l’étonnante collection de Rudolf Virchows, si exhaustive que le visiteur embrasse en une seule pièce l’état de la médecine dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

D’autres collections ont été créées dans le but d’enseigner. Nombreuses sont les facultés qui possèdent des musées anatomiques où l’étudiant pouvait, et peut encore souvent, voir en réel ce qui lui a été exposé en cours. Le ressort est le même par exemple pour les grandes panoplies de ferrure que l’on peut voir à Utrecht ou à Alfort: voir en un même lieu une présentation exhaustive de ce qui doit être appréhendé et connu. A cet égard, ces collections n’ont rien perdu de leur valeur éducative et ce n’est que la perception que l’on en a aujourd’hui ou la régression de la discipline qui peuvent en limiter l’utilisation. Il est assez fantastique de voir des universités modernes comme la faculté de médecine vétérinaire d’Utrecht créer des learning centers, c’est à dire des salles faciles d’accès où l’étudiant dispose de ressources numériques et de collections, par exemple de squelettes et d’organes bien réels, pour travailler par lui même. Le vocable anglais donne une modernité très artificielle à une idée ancienne puisque l’actuel musée Fragonard rassemble au premier étage d’un vaste bâtiment les collections d’anatomie et de pathologie de l’Ecole vétérinaire d’Alfort sur le même niveau donc et en connexion totale avec la bibliothèque qui en était séparée par un palier. L’étudiant disposait donc en un même lien des ressources documentaires - écrites sur papier - et des objets en trois dimensions. Rien n’a donc changé avec ces learning centers: le papier est devenu internet et les moulages ont laissé place à la plastination, une modernité de forme mais qui ne change pas le fond. Les collections pédagogiques historiques ont donc sensiblement la même valeur aujourd’hui qu’il y a un ou deux siècles. C’est notre regard et l’exigence de forme qui a évolué.

 

En revanche, certaines parties de ces collections sont scientifiquement obsolètes. Que dire des plus de cinq cent lésions d’articulations de membres de chevaux présentés au musée Fragonard? Sinon que de telles formes n’existent plus, le cheval étant soigné ou euthanasié avant d’atteindre un tel stade. Cest là qu’apparaît une autre dimension de ces collections la révélation d’un passé révolu où les conditions médicales, les rapports à l’hygiène, les échelles de valeurs étaient radicalement différents de ce qu’ils sont aujourd’hui. Cette collection de lésions de l’appareil locomoteur par exemple nous révèle la condition du cheval en Europe occidentale au XIXe siècle. Cet animal était le moteur diesel de l’économie humaine. Il avait donc une valeur économique forte et un usage bien différent de celui que nous lui connaissons, ce qui explique qu’il ait été conservé par des propriétaire alors qu’il était atteint de lésions massives restreignant drastiquement ses déplacements. Le cheval actuel, en Europe, n’est plus un animal de travail mais un compagnon de loisir, voire un animal de compagnie. Lorsqu’il est dévolu au sport, son usage s’inscrit dans un processus compétitif qui ne tolère aucun handicap; toute lésion est génératrice de contre performance et doit donc être traitée. Mais nos ancêtres attendaient eux un travail de traction lent mais prolongé; le cheval pouvait boiter énormément, cela jouait peu sur son intérêt. Autre exemple au musée Fragonard, les plus de 200 calculs digestifs témoignant de l’entretien du cheval dans une grande ville comme Paris à une époque où l’eau courante n’existait pas. Les collections vétérinaires historiques ne sont donc, à ce titre, pas naturellement destinées aux vétérinaires mais participent d’une histoire collective qui intéresse le grand public. A cet égard, l’interaction entre vétérinaires et historiens, la mise en perspectives de ces ensembles patrimoniaux permettent la mise en place d‘une médiation donnant à la collection une valeur politique qui peut assurer à termes sa conservation.

 

Les collections, des ressources biologiques peut être stratégiques

 

Mais les collections vétérinaires ont une valeur à laquelle aucune collection de beaux-arts, aussi prestigieuse soit elle, ne peuvent prétendre : elles conservent des matériaux biologiques qui peuvent devenir un enjeu de recherches. Par exemple, au musée Fragonard, des fragments des écorchés de Fragonard, des personnes décédées entre 1766 et 1770 et conservées par la dessiccation, ont été prélevés par des équipes de recherche en virologie pour tenter d’identifier des rétrovirus dont on supposait qu’ils pouvaient infecter l’espèce humaine depuis des temps éloignés. Autre exemple, la souche de bacilles de la tuberculose qui a été utilisée par Albert Calmette et Camille Guérin pour créer le fameux vaccin qui porte leur nom, le BCG, a été atténuée durant dix huit années à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort. Ceci s’explique par l’intérêt qu’un professeur de cette école, Edmond Nocard (1853-1903), portait à ce fléau. Les études menées nous ont laissé beaucoup d’artefacts comme des moulages colorés de lésions, des flûtes contenant des lésions de tuberculose dont certaines remontent au début du XIXe siècle. Des chercheurs oeuvrant sur la tuberculose sont venus prélever des fragments de lésions afin de recueillir le bacille, et donc son patrimoine génétique, pour d’étudier l’évolution de cette bactérie. Un cas qui a été médiatisé a été également la recherche dans les collections médicales de restes d’humains décédés de la grippe espagnole (1918-1920) pour étudier le virus causal, à un moment où le risque de pandémie d’influenza faisait craindre une hécatombe.

 

In fine, ces collections biologiques sont des réservoirs d’informations qui, à l’image d’un Centre de Ressources Biologiques, peuvent être devenir stratégiques. personne ne sait aujourd’hui ce que les techniques de demain pourront révéler et les conservateurs des collections ne doivent pas s’arrêter aux limites actuelles pour effectuer un tri ; les matériaux biologiques conservés dans l’alcool peuvent aujourd’hui facilement fournir de l’ADN, ce qui est moins vrai pour le formol. Mais il est probable que ces difficultés seront contournées dans un avenir proche et certain que nous n’imaginons pas un seul instant ce que seront les capacités techniques qui seront offertes aux générations futures pour exploiter ce matériel. C’est en songeant à ceci que je conserve une très importante collection d’échantillons de laines prélevées en 1869 sur tous les animaux présents au Concours général agricole de Paris, une manifestation qui voyait défiler les plus beaux spécimens de moutons d’Europe et des régions périphériques, ou encore que je veille sur les parasites de Railliet précédemment évoqués.

 

Quelles missions de médiation pour les collections vétérinaires?

 

Ces collections et musées posent des problèmes de conservation très spécifiques qui constituent souvent une menace pour leur pérennité dans des établissements souvent accaparés par les contingences matérielles et financières impliquant la recherche traditionnelle. Bien peu d’établissements sont en capacité de dégager par eux-mêmes les ressources nécessaire au maintien de grands ensembles patrimoniaux.

 

Bien loin de pouvoir énoncer un dogme général qui serait applicable à l’ensemble des collections, je centrerai mon propos sur ma propre expérience au musée Fragonard. Je considère que le noeud de la survie de ses collections est leur utilité : une collection dont l’utilité n’est pas affirmée et partagée par la communauté qui la détient me semble très fragile et condamnée à minima à la dégradation. Le point essentiel est le poids politique, au sens noble du terme, de ces collections. Sans ce poids, ces objets qui occupent une place précieuse sont souvent abandonnés ou déménagés, ce qui occasionne un tri et une perte souvent importante. S’agissant du musée Fragonard, dont j’ai pris la direction en 1993, j’étais confronté à un ensemble de plus de 4000 objets occupant 500 m2 d’un bâtiment de grande qualité architecturale, au coeur de l’Ecole vétérinaire d’Alfort, avec cet avantage que les collections étaient constituées en musée, qu’elles bénéficiaient de l’affection des membres de la communauté et qu’il était difficile du point de vue logistique de déplacer l’ensemble. La contrainte était en revanche que les sommes à mettre en oeuvre pour garantir la préservation et l’accessibilité de la collection étaient importantes (de l’ordre de 800.000 €).

 

L’utilité de la collections était de plusieurs ordres. Tout d’abord, elle était organisée en un ensemble cohérent à visée pédagogique, destiné à enseigner l’anatomie et la pathologie des animaux domestiques. Comme dit précédemment le fonds était toujours d’intérêt mais la forme pouvait rebuter des jeunes générations désormais plus attachées aux ressources numériques qu’aux objets réels. La collection a gardé sa mission dans des secteurs très ciblés, n’ayant pas beaucoup évolué, comme par exemple la tératologie descriptive, mais ces champs restreints ne justifiaient pas son maintien. L’idée a surtout été de créer un discours destiné au grand public dont les axes principaux étaient:

 

- la découverte de l’anatomie et de la physiologie des animaux domestiques, ceci afin de faire comprendre à un public essentiellement citadin ce que sont ces animaux qui nous entourent, l’objectif étant d’apporter à ce public des éléments susceptibles de favoriser le bien-être animal;

- la compréhension de l’histoire des relations entre hommes et animaux au travers de lésions témoignant de l’usage des animaux à des époques anciennes;

- les relations biologiques entre homme et animaux au travers des zoonoses, nos contemporains peinant souvent à se voir comme des animaux parmi d’autres animaux, et donc sensibles à leurs affections;

- l’interaction permanente entre Art et Science qui structure les collections du musée, les moulages exposés étant des objets à composante autant esthétique que scientifique.

 

La collection est ainsi devenue une collection utile à tous, et surtout pas une collection pour les vétérinaires, qui fréquentent le musée de façon très marginale. Le musée est devenu le médium de la révélation au grand public d’un grand nombre de thèmes qui le touchent très directement. Ouvert à la visite, sa fréquentation s’est accrue à un point tel qu’il a été ressenti par les pouvoirs publics et les acteurs privés comme une ressource culturelle d’intérêt. Dès lors, des fonds publics et du mécénat privé ont assuré en 2008 sa rénovation complète et la mise en place de meilleures conditions d’accueil du public. Aujourd’hui, il est peu probable que le musée pourrait fermer sans que les pouvoirs publics ne réagissent.

 

Ensuite j’ai choisi de développer les activités du musée dans le sens des grands missions de l’enseignement qui les accueille: l’enseignement et la recherche. Concrètement, un enseignement d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires a été mis en place et dispensé aux élèves de première année, ceci pour leur plus grand plaisir puisque cette session est la plus appréciée de ces étudiants. Ensuite, le musée et ses collections sont devenus un substrat de recherche. Assurer la médiation de ces objets impliquait de connaître leur origine, leur fonction et leur importance sociétale, ce qui a conduit à des publications en même temps qu’à un puissant enrichissement du discours. Au terme de très nombreuses publications, son conservateur a intégré cette année une équipe de recherche en histoire située dans l’université voisine; c’est la première fois en France qu’un enseignant vétérinaire bascule ainsi dans le domaine des sciences humaines, ce qui est un signe d’ouverture encourageant.

 

Le musée a aussi un rôle social et tire son fonctionnement de sa situation dans un établissement destiné aux étudiants. Sans personnel permanent, son fonctionnement est assuré par les étudiants qui assument les gardes et les visites guidées, ce qui assure une grande flexibilité de fonctionnement, une richesse d’interaction entre jeunes vétérinaires et public et surtout procure des revenus aux étudiants recrutés.

 

Vers une institutionalisation de la fonction muséale

Ce modèle de fonctionnement, attractif au premier abord, pose cependant la question de sa pérennité dans l’environnement culturel français, extrêmement structuré et n’intégrant pas toutes les dimensions de la culture scientifique et technique. Le risque est que ce système parallèle ne parvienne pas à s’intégrer au fonctionnement global et que le musée reste un établissement marginal dont le fonctionnement serait laissé à la seule bonne volonté d’enseignants gérant cette animation en plus de leurs missions.

 

Pour ma part, et dans le contexte très particulier d’une école vétérinaire française, j’ai choisi de le rapprocher du dispositif administratif général de la culture en France. Notre pays dispose d’une riche patrimoine visité par de très nombreux touristes chaque année. Le Ministère de la Culture français a voulu accroître la qualité des petits musées - autres que les grandes institutions nationales telles que Le Louvre, Versailles ou le musée d’Orsay - en créant en 2002 une Loi dite “sur les Musées de France”. Cette Loi accorde un label prestigieux aux musées mettant en oeuvre une politique de gestion par la qualité et crée des compensations financières et de protection des collections très appréciables. J’ai donc fait le choix en 2004 de m’engager dans ce dispositif et de postuler, après avoir réformé le fonctionnement du musée, à l’obtention de ce label; ce fut chose faite en août 2006. Après six ans d’exercice, ce choix se révèle très positif. Ce n’est pas le lieu de discuter ici des détails qui sont propres à la France, mais l’idée principale est que cela a permis de désenclaver musée en l’inscrivant dans la grande famille des musées de France, a généré des contacts avec les autres professionnels, et assis statutairement ses missions de médiation, de conservation et de recherche.

 

In fine, le musée n’apparaît plus aujourd’hui comme un électron libre ou un poids mort, mais comme un atout s’inscrivant dans les missions de l’établissement, capable de capter des fonds dans un registre auquel l’école vétérinaire ne pouvait pas prétendre, celui des établissements à vocation culturelle. Il ne coûte pas et rapporte tant sur les plans scientifiques et pédagogiques que sur celui de la médiation. Malgré tout, sa situation demeure précaire et essentiellement liée à l’opportunité qu’un enseignant le gère.

 

Au niveau international maintenant, la question commune à toutes les collections vétérinaires me semble être la définition de leur utilité. Sont-elles une aide à l’enseignement, auquel cas leur gestion peut être prise en charge par l’université dans le cadre de ses programmes pédagogiques? Ont-elles un caractère de soutien identitaire à l’institution, et alors elles peuvent être ouvertes à un public restreint, choisi, qui reçoit ainsi le privilège de pénétrer dans un sanctuaire? Sont-elles des centres de ressources biologiques porteuses d’enjeux stratégiques pour la recherche du futur, auquel cas elles peuvent demeurer confinées à distance du public? Sont-elles le vecteur d’une histoire sociale que les animaux et leur médecine révèlent, et la collection se met au service du grand public et participe à un musée qui a une vocation bien plus large que le cadre restreint de la faculté vétérinaire?

 

C’est ce dernier axe qui a été développé au musée Fragonard car il était le seul à permettre à terme les levées de fonds nécessaires à sa rénovation et à son fonctionnement; une collection doit vivre, collecter des objets, les documenter, les restaurer et les stocker, et cela implique des moyens qui bien souvent font défaut dans le cadre restreint des facultés vétérinaires.

 

Bibliografía a consultar

 

Material mimeografiado. Para ampliar sobre el tema y conocer los aportes del autor, consultar:

 

Degueurce, Christophe. Les collections de l’École nationale vétérinaire d’Alfort: rappels historiques, actualité et pers-pectives, Bulletin de la Société Française d’Histoire de la Méde-cine et des Sciences Vétérinaires, Vol. 4, n° 1, 2005, p. 63-74. Tolbiac - Rez-de-jardin - magasin - [2002 - 49995] [En ligne] http://sfhmsv.free.fr/SFHMSV_files/Textes/Activites/Bulletin/Txts_Bull/B6/CollAlfort_Bull6.pdf

 

Degueurce, Christophe. La rénovation du musée de l’École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort, La Lettre de l’OCIM, 121/2009: janvier - février 2009, p. 5-11. [En ligne] http://ocim.revues.org/261

 

Cadot, Laure and Degueurce, Christophe. Fragonard Museum: the écorchés: the anatomical masterworks of Honoré Fragonard; [translated from the French by Philip Adds]. Blast Books, New York, 2011. 159 p.

 

Marion Beaudonnet et Christophe Degueurce. Andre richir, preparateur et mouleur en anatomie a l’ecole nationale veteri-naire d’alfort au xxe siècle. Bull.soc.fr.hist.méd.sci.vét., 2006, 6: 25-39.

 

Otras obras publicadas en: http://www.journalogy.net/Detail?entitytype=2&searchtype=2&id=26363488

Depósito Legal: ppi201102LA3870

ISSN: 2244 - 7733

 

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